A Lille, Nancy, Rennes ou Montpellier, les travailleurs sociaux en formation comptaient dénoncer dans la rue les modalités d'application du décret du 31 janvier 2008 relatif à la gratification des stages en entreprise.
Ce texte met en effet en péril, selon eux, le principe et le déroulement de la formation en alternance qui prévaut dans le travail social.
Soutenus par leurs centres de formation, des syndicats et des organisations d'employeurs du secteur, ainsi que certains élus (le président de la région Pays-de-la-Loire par exemple), la plupart des étudiants réclament le déblocage des fonds nécessaires à la gratification, leur versement aux centres de formation et l'extension de cette indemnisation au secteur public et à l'ensemble des filières, y compris celles de moniteurs-éducateurs ou d'aides médico-psychologiques (AMP).
Ces derniers sont en effet pour l'instant exclus du dispositif, contrairement aux futurs éducateurs spécialisés, assistants sociaux ou éducateurs de jeunes enfants (EJE), qui doivent en bénéficier.
Certains étudiants bretons (Lorient) vont plus loin en rejetant le principe même de la gratification, qu'ils jugent injuste et discriminatoire et préféreraient voir remplacer par une allocation d'études (pour les informations régionales, voir en rubrique "ça se passe près de chez vous").
"Pleinement solidaire du mouvement des étudiants en lutte, dont certains sont déjà en grève illimitée dans plusieurs IRTS", la Fédération nationale action sociale Force ouvrière (FNAS-FO) affirme elle aussi que "les formations du social et du médico-social sont mises 'à mal et en péril', du fait de l'application précipitée par la DGAS" de ce décret qui prévoit une gratification pour les stages d'au moins trois mois consécutifs. Et ce alors que le secteur doit faire face à une pénurie très importante, actuelle et à venir, de salariés qualifiés, s'inquiète l'organisation syndicale. Elle tient donc à réaffirmer son attachement à la formation spécialisée et qualifiante en alternance des salariés du secteur, à la rémunération des stagiaires et au principe d'égalité des droits en réclamant l'application du décret aux stagiaires du secteur public.
Les étudiants sont également assurés dans leur démarche du soutien de leurs formateurs, à travers les prises de position répétées du Groupement national des instituts régionaux du travail social (GNI) et de l'Association française des organismes de formation et de recherche en travail social (Aforts).
Alliés à l'ensemble des employeurs du secteur (Snasea, SOP, FEHAP, Fegapei, Croix-Rouge française, Unifed, Uniopss, Unapei, Unasea et FNARS), les deux organisations ont ainsi publié, mardi 18 mars, un communiqué où ils alertent sur les conséquences à craindre des conditions de mise en oeuvre de cette réforme.
En réponse à une interpellation du GNI, le ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité, Xavier Bertrand, s'est cependant dit, dans un courrier daté du 14 mars, "convaincu que l'esprit de responsabilité de chacun - établissements médico-sociaux, autorités de tarification, organismes de formation - permettra de conjuguer un meilleur traitement des étudiants en stage, qui (...) sont souvent confrontés à des situations précaires, et le développement de la formation en alternance aux métiers du travail social".
-------------------------------------------------------------------------- Prévue de longue date, une rencontre inter-écoles doit réunir, vendredi 28 mars à Talence près de Bordeaux, à l'initiative de l'IRTS d'Aquitaine, des représentants de la plupart des centres de formation en travail social. Organisée en ateliers, cette journée devait en particulier aborder le thème de la précarité étudiante, à travers notamment la question des bourses et de la gratification. Rattrapée par l'actualité, elle pourrait déboucher sur la constitution d'une coordination nationale des étudiants dont la mobilisation reste encore relativement improvisée et éparpillée sur le territoire national. Les autres thèmes initialement prévus et toujours au programme de la rencontre de Talence concernent l'avenir des métiers du social, la réforme et la valorisation des diplômes et, enfin, la représentativité des étudiants en formations sociales. |